• La foi chrétienne est parfois mise en accusation à cause de son histoire. Un chapitre de ce procès porte sur la période de la colonisation. Les efforts déployés par les chrétiens pour transmettre leur foi auraient servi voire auraient été motivés par l’intérêt des pays colonisateurs. Les missionnaires auraient également méprisé et détruit les cultures locales au cours de leur entreprise. Jacques Blandenier, auteur d’un Précis d’histoire des missions, tire un bilan des relations entre colonisation et mission chrétienne, avec un intérêt principal pour les missions protestantes.

    Une question à replacer dans un contexte historique plus vaste

    Depuis le VIIème siècle et les conquêtes arabo-musulmanes, l’Europe est coupée du reste du monde et le restera pendant de nombreux siècles. Mais sous l’impulsion de la Renaissance, dès le milieu du XVème et surtout au XVIème siècle, les arts, la philosophie, les sciences et les techniques font des progrès spectaculaires. Dès lors, l’Europe asphyxiée bouillonne : cette « marmite sous pression » va trouver son exutoire dans les Grandes Découvertes. Les Portugais contournent l’Afrique par le sud pour renouer avec les Indes, l’Indonésie, la Chine. En 1492, les Espagnols envoient Christophe Colomb vers l’ouest, où, croyant rejoindre les Indes, il « découvre » l’Amérique. La supériorité des techniques et des armements des Européens leur permet de conquérir ces territoires relativement facilement et avec une cruauté ignoble, particulièrement en Amérique du Sud. Or, le système du « Patronat » a étroitement mêlé colonisation et mission : selon le pape en effet, le Christ, Maître de toute la Création, confie à son Église la responsabilité de ce nouveau monde. La papauté délègue dès lors aux rois catholiques (ibériques) la gestion de ces terres et leur accorde le profit des richesses qu’elles recèlent à condition qu’ils se chargent d’en évangéliser2 les habitants. Malgré de belles exceptions, il faut poser un diagnostic sévère sur les méthodes missionnaires du XVIème siècle, et sur la complicité colonisation-mission.

    Or, durant toute cette période, les Réformateurs et leurs successeurs, accaparés par l’édification du protestantisme en Europe, ne portèrent quasiment aucune attention aux populations d’outre-mer non évangélisées. Lorsqu’aux XVIIe et XVIIIe siècles, le Portugal ne put maintenir sa suprématie sur ses colonies, l’Angleterre et les Pays-Bas (nations protestantes) les supplantèrent – notamment en Indonésie, aux Indes, à Ceylan, en Afrique australe. Vue sous l’angle des Missions, cette colonisation fut différente en ce qu’elle était laïque.

    Colonisation et mission : complicité ou antagonisme ?

    Auteur(s) : Jacques Blandenier

    Date de parution : 29 janvier 2016

    La foi chrétienne est parfois mise en accusation à cause de son histoire. Un chapitre de ce procès porte sur la période de la colonisation. Les efforts déployés par les chrétiens pour transmettre leur foi auraient servi voire auraient été motivés par l’intérêt des pays colonisateurs. Les missionnaires auraient également méprisé et détruit les cultures locales au cours de leur entreprise. Jacques Blandenier, auteur d’un Précis d’histoire des missions, tire un bilan des relations entre colonisation et mission chrétienne, avec un intérêt principal pour les missions protestantes.

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