Notre société a placé la sexualité sur un piédestal. La sexualité est mise en avant dans nos productions culturelles, dans nos discussions et nos réactions. La libération sexuelle des années 60-70 a rendu le sexe autorisé sans restriction, disponible, et même attendu. Chacun a le droit d’avoir la sexualité qu’il veut, avec qui il veut, quand il veut, du moment qu’il y a consentement mutuel et qu’on se protège. La liberté est presque illimitée, mais elle ne va pas sans son lot de problèmes. Nous ne sommes désormais plus jugés sur le respect de normes sociales restrictives en matière de sexualité. Mais nous risquons d’être jugés en fonction de notre capacité à avoir une vie sexuelle et à jouir. Comment ridiculiser quelqu’un ? En le traitant de puceau. Comment le valoriser ? En disant qu’il/elle est “sexy”. Par moment, il semble que la question de ce qu’on vaut au lit est le critère qui définit notre valeur. Une fille doit être attirante ; un gars doit avoir des conquêtes, ou au moins une copine. C’est entre autre ce que dénonçait Jean-Claude Guillebaud dans La tyrannie du plaisir : la venue d’une forme d’obligation de jouir ; maintenant qu’on a tous le droit de jouir de la sexualité, on doit en profiter, on se doit d’être à la hauteur.
Un symptôme de cette focalisation excessive sur la sexualité est notre difficulté à envisager une relation proche qui ne soit pas sexuelle. Par exemple, je regarde actuellement la série “Sherlock”. Le pauvre Dr Watson doit sans cesse y expliquer qu’il n’est pas en couple avec Sherlock, que Sherlock n’est pas son petit ami et qu’il n’est pas gay. J’avais aussi été étonné de ce que des gens disaient que Frodon et Sam dans le Seigneur des Anneaux leur semblaient gays. Notre génération semble avoir de la peine à penser que des personnes puissent être proches, partager une certaine intimité émotionnelle et avoir des gestes d’affection mutuelle sans être impliqués dans une relation conjugale avec une dimension sexuelle.
Libération ou libéralisation
La libération sexuelle a eu pour corollaire une libéralisation. Le sexe est marchandisé. Les publicités usent et abusent des images de nudité et de l’érotisme pour attirer l’attention et faire vendre. La pornographie est librement accessible et largement diffusée. La prostitution et surtout le recours à la prostitution sont de plus en plus légitimés. Puisque le sexe est la mesure de tout, il faut bien prévoir quelque chose pour ceux qui ne trouvent pas naturellement leur satisfaction sexuelle dans une relation spontanée.
La sexualité est-elle la mesure de tout?
Auteur(s) : Jean-René Moret
Date de parution : 22 août 2017
Nous avons aussi besoin de rééquilibrer notre regard. La sexualité bien vécue est une bonne chose, mais elle n’est pas le tout de la vie. Elle ne peut pas nous dire qui nous sommes, elle ne peut pas définir ce que nous valons. Si nous faisons de la sexualité notre mesure et notre objectif, cela finira par nous détruire. Tous nous devrons constater qu’elle ne peut remplir nos désirs les plus profonds. La sexualité ne peut pas être saine si nous attendons trop d’elle. Et pour trouver ce qui peut vraiment nous satisfaire et vraiment nous donner notre place dans ce monde, il faudra nous tourner vers notre Créateur éternel.
Thème(s) : Éthique, Questions de sociétés
Public(s) : Adultes - Introduction