Une question récurrente
Dans l’histoire des idées, on peut distinguer (en simplifiant un peu) deux attitudes diamétralement opposées au sujet de la raison d’être de l’humanité et de sa place dans l’univers.
D’un côté, la tradition hébraïque place très clairement l’être humain au sommet de la création. Ce statut privilégié est évident dans le premier chapitre de la Genèse, où l’homme est créé en dernier et à l’image de Dieu. Il est également souligné dans un texte très explicite du Psaume 8 : « Qu’est-ce que l’homme, pour que tu te souviennes de lui ? … Tu l’as fait de peu inférieur à Dieu, Et tu l’as couronné de gloire et de magnificence. Tu lui as donné la domination sur les œuvres de tes mains, Tu as tout mis sous ses pieds, … ». Il s’agit d’un Psaume du roi David, qui est donc ancien d’environ trois mille ans.
De l’autre côté, une tradition que l’on pourrait appeler matérialiste ou rationaliste envisage l’humanité comme le résultat du hasard, comme une sorte de sous-produit de mécanismes aveugles et impersonnels propres à un univers dont l’existence elle-même ne revêt aucun sens particulier. Cette idée n’a rien de moderne : elle remonte aux atomistes grecs, en particulier Leucippe (460-370 av. J.-C.), et au Romain Lucrèce (94-54 ? av. J.-C.), qui plus tard popularisa la doctrine des atomistes dans son œuvre fameuse De rerum natura (« De la nature des choses »). Ce dernier auteur donne des arguments très intéressants en faveur de l’idée que toute matière est faite de particules extrêmement petites (les atomes), une intuition remarquable pour l’époque. Mais il expose aussi une vision philosophique qui est loin d’être neutre : « Car ce n’est certes point par réflexion, ni sous l’empire d’une pensée intelligente, que les atomes ont su occuper leur place ; ils n’ont pas concerté entre eux leurs mouvements. Mais… il est arrivé qu’après avoir erré durant des siècles, tenté unions et mouvements à l’infini, ils ont abouti enfin aux soudaines formations massives d’où tirèrent leur origine ces grands aspects de la vie : la terre, la mer, le ciel, les espèces animales. » (De la nature, traduction de J. Kany-Turpin, GF-Flammarion, 1964, pp. 167-168). Il écrit aussi : « … j’oserais encore … affirmer que la nature n’a pas été faite pour nous et qu’elle n’est pas l’œuvre des dieux : tant l’ouvrage laisse à désirer ! » (ibidem, p. 162).
L’homme dans l’univers : Prince ou moisissure ?
Auteur(s) : Pierre North
Date de parution : …
Dans l’histoire des idées, on peut distinguer (en simplifiant un peu) deux attitudes diamétralement opposées au sujet de la raison d’être de l’humanité et de sa place dans l’univers. Le clivage est manifeste : une vision du monde considère l’homme comme le prince et le gérant d’une création divine, résultat de l’amour attentionné d’un Dieu personnel ; au contraire, l’autre vision du monde assimile l’homme à un accident insignifiant issu de forces anonymes, une sorte de moisissure qui recouvre le grain de poussière qu’est notre Terre parmi les astres innombrables.
Thème(s) : Origines
Public(s) : Jeunes